C’est avec cette première idée que je présenterai pratique. Le territoire, le travail sur le local, la proximité, le réseau comme point de départ de mes travaux. Ces problématiques sont le plus souvent liées à l’espace publique comme espace d’expression, les espaces communs comme nouveau média.
J’attache une importance capitale à rendre indissociable mes réalisations des acteurs qui lui ont donnés vie et des lieux dont elles proviennent. Le documentaire m’apparait comme le media privilégié capable de remplir ces conditions tout en offrant une adaptabilité infinie. Je tends à m’approprier la forme documentaire, qu’elle soit sculpturale ou sonore, elle pose la question de l’incidence humaine sur le travail de l’artiste. Cette pratique est donc “interactive”, au sens strict de sa définition, c’est à dire incapable d’agir ou d’exister sans l’inventivité et la particularité des gens qui composent le territoire où elle intervient.
J’ai eu l’occasion de mener de nombreux projets en France et à l’étranger, dans les grands ensembles des villes et dans les petits bourgs, en prison et dans les champs. C’est à chaque fois avec cette idée d’une pratique d’observation et d’échange, puis de décisions et de production in situ que je mène ces travaux. La dimension collective du projet manège me régal et participe à ces temps de discussion et de doute où l’on voit que le processus de travail est aussi important que le résultat. Les doutes aussi important que l’objet.
Qu’elles soient sculptures, films, émissions radios, constructions ou affiches, mes oeuvres appartiennent à un monde immédiatement présent, elles disent que nous ne sommes sûrs de rien avant de le vivre.
La cabine n’est pas à considérer comme un sujet du manège. Dans l’espace, elle se place à l’extérieur du corps du manège. Elle ne partage pas le plateau avec les sculptures mais évolue en satelitte. Elle se présente comme un habitacle pour un utilisateur, un cabiniste. C’est une forme qui nécessite l’intervention d’un homme pour fonctionner.
Comme dans les manèges traditionnels, la cabine abrite d’abord le point vente des tickets. Toute personne se préparant à faire un tour de manège doit donc y passer. Cet aspect commercial fait de la cabine un lieu incontournable pour l’utilisateur du manège.
Ma cabine répond aux exigences des manèges traditionnels. En tant qu’artiste et chauffeur d’engins, ma cabine est pensée pour que n’importe quel volontaire devienne un bon cabiniste, dans le respect de l’utilisation du matériel. L’ergonomie et l’échelle de l’habitacle en feront un poste de travail ou l’on se sent bien et dans lequel on peut, à sa manière, partager les joies des utilisateurs de manège.
La forme provient d’une ancienne cabine d’épandeur agricole. Tronçonnée, agrandie puis reconstituée en 3 modules recomposant la cabine du manège. Elle était à l’origine un espace de travail mobile, naviguant dans les grandes cultures. Elle est désormais un local technique commandant l’allumage du manège. Le cabiniste fixe l’hypnotique ronde du manège, la joie sur les visages et les lumières dansantes depuis sa coque d’acier, concentré sur sa mission.